Dans un projet de localisation, il existe plusieurs processus ayant attrait à la linguistique, aux techniques et à la gestion de projet qui doivent être planifiés et préparés avant de lancer le projet. Comme nous l'avons vu précédemment, chaque projet de localisation est unique, pourtant, certaines des phases énumérées ci-dessous peuvent être considérées comme les éléments habituels d'un projet de localisation (ordre aléatoire) :
- Les processus de développement et de test des logiciels englobent les étapes techniques de la localisation de logiciels réalisées au début et à la fin du processus de localisation. En général, les personnes spécialisées dans la localisation ou dans le test des logiciels sont chargés de réaliser ces tâches. Quelques-unes de ces tâches sont par exemple :
- L'internationalisation du logiciel : doit se faire durant la phase de développement du logiciel. Il est alors nécessaire de séparer le texte du code source du logiciel ou de faire en sorte que le logiciel affiche les chaînes de caractères et de le rendre compatible avec les normes régionales d'une langue ou d'un pays.
- La préparation du projet : doit être effectuée en début de projet. Lors de cette étape, il faut vérifier si le matériel source à traduire est complet (Ne manque-t-il pas de fichiers à localiser ? Les instructions sont-elles fournies ?), compiler le logiciel (Y'a-t-il une procédure spéciale à suivre pour la compilation ? Est-ce que la taille des commandes, des boutons et des boîtes de dialogue peut être modifiée si le texte traduit est plus long que l'original ? Est-ce que les informations régionales doivent être modifiées dans les fichiers de ressources (voir également le cours de L10N 3 - Formats de fichiers) et enfin préparer les fichiers pour la traduction (Quels fichiers doivent être traduits ? Est-ce que d'anciennes traductions peuvent être réutilisées ? Quelles parties ne sont pas à traduire ? Est-ce qu'un logiciel de localisation doit être utilisé ? Si oui, lequel ? Est-ce qu'une MT doit être utilisée ?)
- Le développement et le test du logiciel localisé : cette étape englobe des tâches telles que la modification de la taille de l'interface utilisateur du logiciel traduit (boutons, boîtes de dialogue, etc.), la vérification et le test des raccourcis claviers (les lettres ou les nombres soulignés dans les commandes de menu ou les boîtes de dialogues associés à la touche Alt), la compilation des fichiers de ressources localisés vers un programme d'exécution (dans le cas d'un logiciel ou d'une aide en ligne), le test des fonctionnalités du logiciel (afin de s'assurer que le logiciel traduit fonctionne correctement) et la création des captures d'écran de la version localisée, etc.
- L'assistance dans le cadre d'un projet de localisation : les responsables du développement du logiciel apportent leur aide à tout moment aux chefs de projets, traducteurs et localisateurs si ces derniers rencontrent des problèmes techniques lors du processus de localisation
Le processus de gestion de projet (voir également le module de gestion de projet d'eCoLoTrain) est un élément clé de la localisation. Il est pris en compte du début à la fin de l'ensemble du processus de localisation. Les spécialistes responsables du processus de GP sont les chefs de projet. Ils planifient et contrôlent toutes les tâches et tous éléments relatifs au projet. Ces tâches regroupent par exemple :
- La budgétisation: afin d'établir et de gérer un budget dans le cadre d'un projet de localisation, il faut tenir compte de certains facteurs tels que : l'ampleur estimée du projet et les tarifs au mot appliqués par les traducteurs externes, le coût des ressources (les tarifs à l'heure par exemple), le nombre d'heures de travail estimées pour chaque tâche, les coûts supplémentaires nécessaires au projet (l'achat de nouveaux logiciels par exemple), le pourcentage de dépenses imprévues (modification de la traduction ou heures supplémentaires payées plus cher), etc.
- La gestion du temps : le plan de travail doit être défini avant de lancer le projet de localisation. Le but est de déterminer les dates de début et de fin de chaque tâche du projet comme : la création de la terminologie et la préparation du lexique, la création et préparation du projet (détermination du matériel source et extraction du texte à traduire), la traduction du logiciel et de la documentation, le développement et le test du logiciel, la préparation de la mise en page de la documentation, l'assurance qualité et la production finale
- La création du projet : la création d'un projet englobe des étapes importantes telles que : déterminer l'ampleur de tous les éléments du projet (Qu'est-ce qui doit être localisé ? Quelles parties doivent être livrées ?), créer un dossier pour le projet destiné à contenir tout le matériel (enregistrer tous les fichiers du projet au même endroit), établir une planification de projet, fixer un budget, planifier le contrôle qualité (définition des étapes de l'assurance qualité) et définir un plan de communication (communication interne et externe)
- L'harmonisation de la terminologie et, si nécessaire, des mémoires de traduction (MT) : les tâches relatives à la terminologie effectuées généralement par le chef de projet englobent la relecture et la validation de la terminologie générale ou spécifique à un produit, la préparation des glossaires ou des bases de données terminologiques pour un projet donné. Le chef de projet peut également conseiller les traducteurs en matière de création de glossaires terminologiques ou pour la sélection des outils de gestion terminologique et de création de glossaires, etc. Ils sont également responsables de la création ou de la préparation des mémoires de traduction pour les projets de localisation. En règle générale, les chefs de projet fournissent également aux traducteurs du matériel de référence comme une copie des logiciels de travail, de l'aide en ligne ou de la documentation sous forme papier (voir la section suivante Traduction).
- La sélection des ressources humaines et des outils : les ressources humaines (localisateurs, traducteurs et collaborateurs) ainsi que les outils de traduction/localisation les plus adaptés au projet sont sélectionnés en fonction des exigences du clients, du type de ressources, etc.
- La communication interne : les chefs de projet doivent encourager la communication interne de manière à ce que tous les membres de l'équipe connaissent les tâches qui leur sont confiées, soient mis au courant des derniers développements et de tout changement ou de toute mise à jour affectant le projet.
- La communication externe : il est nécessaire de gérer la communication avec les clients. Ces derniers doivent être informés des échéances non respectées et des retards ou de tout autre problème ayant des conséquences sur le projet. La communication externe avec les clients peut consister à leur envoyer régulièrement un rapport sur le statut du projet.
- La médiation entre les traducteurs et les clients : parfois, les clients donnent leur accord pour que leur équipe de développement de logiciels et l'équipe de localisation communiquent directement. Le chef de projet joue alors le rôle d'intermédiaire entre les deux.
Le processus de traduction englobe toutes les tâches relatives à la traduction du logiciel et de la documentation ainsi que la création et la gestion des directives linguistiques, de la terminologie, des mémoires de traduction, etc. :
- La traduction du logiciel : cette étape concerne la traduction des éléments de l'interface utilisateur graphique du logiciel (boîtes de dialogue, menus, messages d'erreur ou de statut, etc.) et des fichiers types. La traduction du logiciel est généralement réalisée à l'aide d'outils de localisation de logiciels et/ou d'outils de mémoire de traduction.
- La traduction de la documentation : elle comporte la traduction de la documentation sous forme papier et de la documentation en ligne (aide en ligne, modes d'emploi en ligne et sites Internet). Généralement cette phase est réalisée à l'aide d'outils de mémoire de traduction. C'est la partie du projet de localisation qui contient le plus d'éléments à traduire.
- Le travail terminologique : les linguistes responsables de la terminologie dans un projet de localisation sont généralement chargés des tâches suivantes : la relecture et la validation de la terminologie générale et spécifique à un produit, la gestion des bases de données terminologiques, la recherche de terminologie, le contrôle de l'utilisation des outils terminologiques et des outils de gestion des glossaires.
- La gestion des mémoires de traduction (MT) : la MT (voir également le module de MT eCoLoTrain) permet de recycler ou de réutiliser les traductions issues d'anciens projets. En effet, les logiciels sont mis à jour au moins une fois par an, voire chaque jour pour les sites Internet.
- Les outils de MT sont très populaires dans le secteur de la localisation de logiciels. Si une société utilise des MT pour un projet de localisation, nombreux sont les aspects que les chefs de projet ou les traducteurs responsables de projet doivent prendre en compte :
- Est-ce les formats des fichiers du projet sont compatibles avec l'outil de MT ?
- Est-ce que les fichiers de ressources doivent être convertis afin de les rendre compatibles avec l'outil de MT disponible ?
- Est-ce que les règles de segmentation de la MT peuvent être appliquées aux fichiers sources ?
- Combien d'analogies internes et externes contient la MT (pour estimer le coût du projet) ?
- Quel est le pourcentage d'analogies parfaites et partielles (pour calculer le prix du projet) ?
- Est-il possible de réaliser un alignement d'anciennes traduction ?
- De quelle façon les traducteurs vont-ils avoir accès aux mémoires de traduction (MT locale ou sur serveur) ?
- La relecture de la traduction : Selon la société de localisation et de traduction, le processus de relecture de la traduction est contrôlé par les éditeurs ou les traducteurs expérimentés et/ou les relecteurs. Les traductions sont généralement corrigées par un traducteur expérimenté ou par un éditeur. Les traducteurs expérimentés et les éditeurs doivent veiller à ce que la terminologie et le style soient cohérents et que la langue et les termes techniques soient exacts. Ils doivent posséder de solides connaissances dans domaine du projet et parler couramment les langues sources et cibles. Toutefois, les relecteurs contrôlent souvent la qualité de la langue une fois le produit fini. Pour ce faire, ils relisent les textes traduits en se mettant à la place de l'utilisateur final. Pour obtenir plus d'informations sur les projets de traduction, cliquer ici.
Dans un projet de localisation, ce sont en général les spécialistes en PAO qui réalisent les tâches relatives à la PAO. Pour effectuer ces opérations de manière optimale, les spécialistes en PAO ont parfois besoin de toute une palette de logiciels comme Adobe FrameMaker, QuarkXPress ou la série d'outils Adobe Acrobat, etc.
Dans le domaine de la localisation de logiciels, les tâches faisant partie du processus de PAO sont par exemple :
- La conversion des formats de PAO pour les rendre compatibles avec les MT : actuellement, les outils de MT contiennent des filtres qui permettent aux utilisateurs de travailler avec les formats de fichiers standard (HTML/SGML/XML, FrameMaker, Adobe PageMaker, Adobe InDesign, etc.). Le texte source devant être localisé est généralement importé dans l'outil de MT et exporté dans son format original après avoir été traduit.
- L'insertion et l'adaptation des graphiques et des captures d'écran : puisque les graphiques et les captures d'écran sont généralement insérés dans la documentation ou les fichiers d'aide en ligne ou y font référence, ils doivent aussi être localisés. Normalement, c'est le spécialiste en localisation (bien souvent le traducteur) qui crée les nouveaux graphiques et captures d'écran du logiciel localisé et qui les insère dans la documentation ou les modes d'emploi correspondants.
- La vérification de la mise en page de la documentation sous forme électronique et papier : Généralement, à moins que le client n'en décide autrement, la mise en page finale, les conventions typographiques et les styles de la documentation sous forme papier ou électronique doivent correspondre à ceux des fichiers sources. Les spécialistes en PAO ou les chefs de projet/traducteurs responsables de projet doivent tenir compte de certains aspects lorsqu'ils finalisent la mise en forme des pages et des paragraphes, par exemple : la numérotation des pages, les paramètres linguistiques, les propriétés des tableaux, les notes, les avertissements, etc. Au niveau du texte, d'autres éléments doivent également être vérifiés puisqu'ils peuvent être spécifiques à une culture : la taille et le type de police, les espaces entre les caractères, les attributs (gras, italique) et la ponctuation.
Lorsque l'on parle de qualité, il est important de distinguer deux concepts : l'assurance qualité (AQ) et le contrôle qualité (CQ). L'assurance qualité (AQ) fait référence aux étapes et processus nécessaires pour assurer la qualité finale du produit afin que ce dernier soit conforme aux normes. Le contrôle qualité (CQ) est un processus subordonné à l'AQ qui permet de répondre aux exigences en matière de qualité : il comprend des étapes techniques et linguistiques telles que la relecture, la vérification des termes techniques, la relecture finale et le test des logiciels. En général, ce sont les chefs de projet qui sont chargés de l'assurance qualité (AQ) les sociétés de localisation du contrôle qualité (CQ) tout en tenant compte du fonctionnement du produit localisé. Dans le domaine de la localisation, les tâches suivantes font également partie du processus de l'AQ :
- Le test d'internationalisation : les produits doivent être testés avant de procéder à la localisation afin de vérifier qu'ils ont bien été internationalisés. Cela évite de rencontrer des problèmes pendant le processus de localisation. Si cette étape n'est pas réalisée et que l'application n'a pas été internationalisée, les problèmes devront être résolus plus tard pour toutes les langues cibles. Le test d'internationalisation est généralement réalisé pendant la phase de développement du produit et se concentre sur le support linguistique de l'application : si les langues, les paramètres régionaux (date, heure et monnaie) et la police sont adaptés.
- Le test de localisation : ce sont les sociétés de localisation qui sont normalement chargées d'effectuer le test de localisation. Ce test doit être exécuté séparément pour chaque version d'un logiciel déjà localisé. Il se compose d'un test linguistique et d'un test esthétique.
- le test linguistique : ce test porte sur tous les aspects linguistiques relatifs à l'application localisée et doit être réalisé par le localisateur ou le traducteur avec l'aide du spécialiste en localisation. Il faut vérifier chaque menu, chaque boîte de dialogue (dynamique) ainsi qu'un maximum d'éléments. Lors de ce test, il faut considérer les points suivants : Est-ce que l'ensemble du texte a été traduit ? Est-ce que les boîtes de dialogues et les messages d'erreur s'affichent entièrement ? Est-ce que les signes diacritiques s'affichent correctement ? Est-ce que les icônes, les graphiques et les éléments sonores ont été adaptés à la langue cible ? Est-ce que les éléments contenant des variantes s'affichent correctement lorsque le programme est en cours d'exécution ? Est-ce que les raccourcis claviers ont été correctement attribués ? etc.
- Le test esthétique : ce genre de test porte sur tous les aspects visuels du logiciel localisé : les boîtes de dialogue, les menus, les rapports et les messages. Lors du test esthétique, il faut considérer les points suivants : est-ce que la taille des boîtes de dialogues a été correctement ajustée ? Est-ce que toutes les commandes de menu, les messages de la barre de statut, les boîtes de dialogue sont adaptés à l'écran et ce, quelle que soit sa résolution ? Est-ce que toutes les versions localisées affichent le même nombre de menus, d'options et de commandes que le logiciel original ? etc.
- Le test fonctionnel : il sert à tester le fonctionnement du logiciel localisé. Le fonctionnement du programme reflète souvent le processus de test qui a été réalisé sur le produit en langue source au cours de la phase initiale du projet. Pour réaliser un test fonctionnel, la traduction doit être terminée et définitive.
(Adapté de Esselink, 2000)